Date d'ajout : mardi 06 juin 2017
par G. M.
BULLETIN AUGUSTINIEN 18, 3, 4 1972
340 pages d'analyse de textes et 24 d'essai de synthèse. (p. 359-383) : H. Cr. a mené son enquête suivant « une méthode strictement historique, sans faire intervenir des considérations étrangères à l'époque, venant de la tradition postérieure, orientale ou occidentale » (p. 8). Son travail « ne vise nullement à gêner la réflexion théologique, morale ou canonique sur la question des divorcés remariés, mais au contraire à l'aider » (p. 9). On espère qu'il fera efficacement obstacle à l'interprétation hâtive ou à l'exploitation indue des textes. D'autres patrologues diront le bien qu'ils pensent des chapitres consacrés aux Pères anténicéens (p. 41-125), orientaux des IVe et Ve siècles (p. 127-247), et occidentaux des IVE et Ve siècles (p. 240-358). Le dernier chapitre (p. 317-358) présente le dossier augustinien, en suivant l'ordre chronologique, comme il convient, puisqu'on le peut et parce que la doctrine augustinienne en la matière n'est pas figée. Un détail à rectifier : le Tractatus 9 in Iohannis euangelium est à dater, non pas du 26 mars 413 (cf. p. 333), mais de 407, selon la démonstration d'A.-M. La Bonnardière, Recherches de chronologie augustinienne, Paris, 1965, peut-être du samedi 23 février 407, selon l'hypothèse de S. Poque, Trois semaines de prédication à Hippone en février-mars 407 - Recherches augustiniennes 7, Paris, 1971, p. 186. H. Cr. a pris la peine, et il faut lui en savoir gré, de traduire les nombreux textes qu'il cite ; ses traductions sont généralement littérales et exactes ; plus exactes notamment que celles du volume 2 de la Bibliothèque augustinienne. Je voudrais toutefois revenir sur le texte du De bono coniugali VII, 7, traduit p. 327. Il est certain, à mon sens, que l'allusion au mos romanus concerne « l'interdiction d'une bigamie simultanée » (p. 327) : et tamen non licet et nostris quidem iam temporibus ac more romano nec superducere, ut amplius habeat quam unam uiuam. La difficulté est plutôt de traduire la suite : et utique, relicta adultera uel relicto adultero, possent plu es nasci homines, si uel illa alteri nuberet uel ille alteram duceret. H. Cr. traduit comme si cette proposition était une finale dépcnclant de superducere, au même titre que la précédente : ut amplius habeat... C'est une erreur; possent est un imparfait du subjonctif formulant une supposition contraire à la réalité, au même titre que possit, quelques lignes plus haut (posset dans la majorité des manuscrits, cf. éd. Zycha, CSEL 41, p. 106). Je traduirai l'ensemble du passage, comme suit : « S'il en est ainsi, la puissance de ce lien social entre époux est telle que, tout en étant noué pour le motif de la procréation, on ne peut le dénouer même pour ce motif de la procréation. (Autrement) en effet un homme pourrait renvoyer une épouse stérile et épouser une femme dont il aurait des enfants - et pourtant il n'est pas permis non plus, du moins désormais, à notre époque, et selon la coutume romaine, de coutracter un nouveau mariage qui aurait pour effet que l'on ait plus d'une femme vivante - ; et surtout, le mari ayant abandonné sa femme adultère ou la femme son mari adultère, davantage d'hommes pourraient naître, si celle-ci était épousée par un autre homme, ou si celui-là se mariait à une autre femme. Mais si cela n'est pas permis, comme semble le prescrire la loi divine, qui ne prêterait attention à la signification de la solidité singulière du lien conjugal ? ». Les divers textes analysés ont été étudiés aussi par M.-F. Berrouard, Saint Augustin et l'indissolubilité du mariage. Évolution de sa pensée - Recherches augustiniennes 5, Paris, 1968, p. 139-155, étude qui est restée ignorée d'H. Cr. Heureusement, les remarques et conclusions des deux auteurs se rejoignent d'une manière générale.