Date d'ajout : samedi 12 septembre 2015
par Guy MUSY
REVUE : SOURCES n° 6 novembre 2001
Notre siècle ne rédige plus de synthèses théologiques, mais publie des catalogues ou des répertoires de théologiens. Repère bien utile vu le foisonnement multidimensionnel et fractionnel de la recherche théologique actuelle. La Faculté de théologie et des Sciences religieuses de l'Institut catholique de Paris, à l'initiative de Joseph Doré - depuis évêque de Strasbourg - s'est livrée à cet exercice au cours de trois années universitaires, de 1996 à 1999. Le résultat en est ce volume présentant, par continent et par pays, une série de monographies consacrées à la théologie et aux théologiens catholiques de ces trente dernières années. Quelques pages de Joseph Doré font ressortir en postface les thèmes récurrents et les lignes convergentes.
Impossible dans une recension de porter attention à toutes les composantes de ce livre. Quelques étonnements cependant. Je ne suis pas autrement surpris que la théologie « romaine » soit évoquée dès le premier chapitre ; mais pourquoi faut-il qu'elle ne soit représentée que par « la Grégorienne » ? Eclipse totale des autres écoles de théologie sises en la ville éternelle, Je ne sais si ces dernières méritaient d'être occultées ; je constate simplement qu'elles le sont dans ce livre. Aucune mention non plus de théologiens suisses ou résidant en Suisse. A moins qu'ils ne fussent récupérés dans les zones linguistiques auxquelles ils appartiennent. Même là, je n'en ai toutefois pas retrouvé la trace.
Henriette Danet et Eloi Messi ont rédigé la monographie consacrée à l'Afrique francophone. Excellent condensé, mais qui n'est qu'un survol d'une pensée autrement plus ramifiée. J'en donne une preuve. Le 8 juin 2001, le frère dominicain Emmanuel Ntakarutimana défendait à la Faculté de théologie de Fribourg (Suisse) une thèse passionnante sur la théologie et les théologiens congolais au cours de la même période que celle qui intéressait Joseph Doré. Cette thèse fait connaître des perspectives plus larges et plus complexes que ne pouvait le faire soupçonner l'article de synthèse des auteurs cités plus haut.
Que je mentionne aussi pour son originalité l'article consacré au « monde sinisé » qui fait bien sûr une large place au Japon et à la Corée. A quand l'intérêt et le plaisir de lire un ouvrage théologique « made in China » ? De Chine continentale, bien entendu !
Un regret final : l'absence d'un lexique qui aurait permis au lecteur de retrouver immédiatement les paragraphes ou les lignes consacrés à un auteur ou développant un thème particulier. Une sinécure au siècle de l'informatique !