Date d'ajout : mercredi 19 août 2015
par Jean LACROIX
REVUE : LA REVUE GÉNÉRALE N° 05-06
Un titre surprenant, qui ouvre bien des perspectives ! Qui aurait parié un penny sur la possibilité de consacrer un ouvrage à l'auteur d'Oliver Twist et de David Copperfield et à ses relations avec la musique de son temps ? James Lyon, hymnologue et historien de la musique, est l'auteur d'ouvrages consacrés aux sources des chorals de Bach et d'un livre comparatif entre de puissants créateurs du XXe siècle (Janacek, Sibelius, Vaughan Williams), dont il a été rendu compte dans les colonnes de la Revue générale, Cette fois, il a fait le choix de mettre en lumière la place de la musique dans l' œuvre de Dickens, en la situant dans le contexte culturel de son époque, Avec une réussite que l'on saluera, car c'est à un foisonnement, pour ne pas dire à un feu d'artifice de découvertes, que le lecteur est confronté, On ne me taxera pas d'opportunisme en rappelant le fait que la musique anglaise a souvent été décriée de ce côté-ci de la Manche, surtout par la France, qui la qualifiait jusqu’à il y a peu d' « insulaire ». Ce Livre conforte mon propos : à plusieurs reprises, j'ai rappelé avec une grande conviction l'intérêt majeur des partitions issues d'Angleterre (Elgar, Bax, Stanford, Parry, Ireland, Holst et quelques autres). L'éclairage apporté par James Lyon dissipe bien des malentendus : la musique est très présente dans l'univers de Dickens (1812-1870), il éprouvait lui-même du plaisir à chanter, et l'atmosphère des rues de Londres, omniprésente dans ses œuvres, était imprégnée de ce fond d'airs populaires, comme maints personnages de ses récits. L'auteur propose une biographie de l’écrivain en parallèle avec l'évolution d'une musique qui se construit savamment et qui explosera bientôt de manière grandiose à travers ses grands compositeurs futurs. Dickens est amateur d'opéra, il connait la musique de son temps, Chopin ou Mendelssohn lui sont familiers. Un tel livre est précieux : il fait preuve d'une érudition de haut niveau, d'une recherche scrupuleuse, d'une documentation de première main et d'une écriture fouillée jusqu'à la plus grande exigence. Il l'est d'autant plus qu'il est accompagné d'un dictionnaire biographique de personnalités, qui s'étale sur près de quatre-vingts pages, et d'un index des héros de Dickens, permettant ainsi d'approfondir dans les moindres détails tous les aspects de ce sujet passionnant. Il devrait désormais avoir sa place dans toute bibliothèque attachée à l'auteur anglais, à côté de ses œuvres, mais aussi dans celle de tous les mélomanes avides de mieux appréhender une époque victorienne qui se nourrissait d'art et de culture avec intelligence.