Date d'ajout : mercredi 11 novembre 2015
par Michel ADAM
REVUE : REVUE PHILOSOPHIQUE, 4, 2002
Alors que la plupart des ouvrages consacrés à Pascal partent de son œuvre, c'est ici la vie qui est prise comme principe d'approche, pour retrouver un Pascal réel et donner un nouvel éclairage sur l'œuvre elle-même. Les recherches de l'auteur concernant la famille de Pascal, notamment dans les milieux religieux des Carmes, vont conduire à un rapprochement entre ce courant spirituel et l'œuvre de Pascal. On y retrouve des traces importantes de la lecture de Jean de la Croix. Le recours à la documentation irremplaçable réunie par Jean Mesnard dans son édition des Œuvres complètes de Pascal met en valeur des points marquants d'une biographie riche, permettant d'avoir sur cette œuvre un regard neuf, et aussi de relier d'une façon parfois critique les vies écrites par la famille même de Pascal.
On peut distinguer quatre perspectives. L'auteur étudie d'abord la formation du génie, à partir du milieu familial, en suivant l'acquisition des connaissances et les premières relations sociales, sans oublier les tourmentes politiques. Le second point de vue est constitué par la conversion que l'auteur considère comme unique, située en 1646, lors de l'accident d'Etienne Pascal et des soins qui lui sont donnés pendant trois mois par des personnes nourries de la spiritualité de Saint-Cyran. Les travaux scientifiques sont situés avec précision, comme est analysée la tension familiale liée à la vocation religieuse de Jacqueline, ainsi que le retentissement de la mort du père. Les liens avec les Carmes se développent à ce moment. La troisième perspective concerne le mystique confronté à la profession de foi de Jacqueline à Port-Royal, mais en même temps fréquentant la cour, ayant des amis divers, jetant aussi les fondements d'une apologétique. Une analyse renouvelée de la nuit du 23 novembre 1654 profite de la confrontation avec l'œuvre sanjuaniste. On suit alors Pascal dans sa vie religieuse active et l'entreprise des Provinciales, le concours de la roulette. La fin de la vie de Pascal montre d'abord en 1660 une retraite auprès des Carmes de Clermont, pendant un séjour chez les Périer. On le voit soucieux de trouver un bon usage des maladies, d'affronter les dissensions de Port-Royal, d'inventer les transports en commun. Il est confronté à des deuils qui l'affectent. Ses derniers mois et ses derniers jours sont étudiés avec minutie ils montrent un homme proche de la sainteté. En appendice est proposée une étude confrontant Plotin, Montaigne et Pascal.
Cette étude attentive de la vie de Pascal permet bien de situer les œuvres dans leur contexte historique, dans des problématiques existentielles, dans le cheminement de la vie spirituelle. C'est bien l'homme que l'on trouve derrière l'œuvre.