ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS, 1974

L'auteur est un prêtre de Vila Real au Portugal. Il a consacré plusieurs années à l'enseignement de la théologie et à la recherche. Ceci lui a permis de prendre connaissance, avec beaucoup de maîtrise, d'une documentation très vaste sur le sujet qu'il traite dans ce gros ouvrage. Il s'agit d'étudier le presbiterium ou « le groupe des prêtres attachés à une église locale en union avec leur évêque ». Cette dernière notation est très importante aux yeux de l'A., mais il ne cherche pas à savoir « si l'évêque fait ou non partie du presbyterium ». L'étude porte essentiellement « sur la dimension collégiale du sacerdoce ». Il s'agit de savoir « si l'ordination consacre simplement un individu ou si, en même temps, elle l'insère dans un corps organique, dont découle par la i;" suite une action solidaire »
Le choix du thème a été dicté à l'A. par des préoccupations actuelles, sur lesquelles il n'insiste pas, mais à propos desquelles il promet qu'il évitera « de transposer les problèmes » d'aujourd'hui aux temps reculés du IIIe siècle ». Par contre, il affirme qu'il tiendra compte « du fait que l'Église, outre qu'elle est une institution avec des traits sociaux comme toute institution humaine, a des caractères propres », et, en particulier un aspect sacramentel qui s'exprime au cours des actions liturgiques. C'est donc une thèse de théologie, mais de théologie historique. Les procédés méthodologiques qui seront utilisés comporteront l'analyse des caractères philologique, biographique et sociologique des documents mis en œuvre. En ce domaine, l'analyse des mots, celle de l'usage des mots par tel ou tel auteur tiendront une grande place dans le travail. Mais l'aspect sociologique des choses ne sera pas négligé, dans la mesure où le presbyterium est un groupe qui se définit par rapport au peuple chrétien. Les diverses approches seront évidemment soutenues et structurées par la méthode historique.
L'ensemble du dossier est présenté dans un ordre à la fois géographique et historique, évidemment mieux adapté au sujet qu'un ordre systématique qui s'appuierait sur les données dogmatiques ou théologiques, et même qu'un ordre chronologique qui encadrerait tous les textes. Le livre comporte quatre grandes parties : l'Église d'Alexandrie avec Clément, Denys d'Alexandrie, et surtout Origène, qui se taille la part du lion, ensuite l'Église syrienne, assez maigrement représentée par les Écrits pseudo-clémentins, la Didascalie et le Concile d'Antioche, ensuite l'Église de Carthage, mieux représentée par Tertullien et Cyprien, enfin l'Église de Rome avec Hippolyte, Novatien et Corneille.
Le « bilan final », d'une vingtaine de pages, est extrêmement riche. Le presbyterium, au sens indiqué plus haut, est attesté par de nombreux témoignages. On parle aussi fréquemment du synedrion ou du consessus des presbytres siégeant avec l'évêque. En parallélisme avec le Sanhédrin juif ou avec le Sénat des villes de l'époque, on a souvent des chiffres de douze ou de soixante-douze. En tout cas, l'évêque, à ce moment, est toujours le chef. Mais il est toujours assisté de presbytres, ce qui apparaît spécialement dans l'intitulé des lettres officielles. Dans les conciles, il y a des prêtres. De même, dans les grandes cérémonies, telles que le baptême solennel, le presbyterium agit collégialement, ainsi que dans les réconciliations solennelles des pécheurs, et aussi dans les ordinations et les célébrations eucharistiques. Ces personnages vivent surtout en milieu urbain, mais commencent à se répartir dans les paroisses rurales. Ils sont recrutés parmi les laïcs et leur mariage paraît normal. Aucun signe particulier et aucune tenue spéciale ne les fait reconnaître.
Ce résumé rapide laisse deviner le grand intérêt du livre. Tous ceux, historiens ou sociologues, qui désirent connaître l'évolution des institutions ecclésiastiques, et spécialement de la hiérarchie aux périodes anciennes de l'Église, devront avoir recours à cet ouvrage, même si sur certains points, on peut discuter telle ou telle de ses conclusions, ou si l'on peu regretter la petite place donnée à l'Église syrienne. Il y a dans ce livre un dossier élaboré de main de maître sur un sujet qui sera plus que jamais à l'ordre du jour.