Date d'ajout : mercredi 17 juin 2009
par Marie-Claire RAYMOND
LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE 16 MAI 2009-05-29
BON PASTEUR : DEUX FEMMES ET UN LIVRE (16/05/2009)
L'historienne Françoise Tétard et l'éducatrice Claire Dumas ont mis une décennie pour écrire Filles de justice, un livre sur la congrégation du Bon Pasteur.
Le livre Filles de justice retrace l'histoire de l'institution du Bon Pasteur.
Les auteures étaient en conférence, jeudi, à la médiathèque de Bourges.
Les filles violées ou celles victimes d'inceste, les filles délurées ou celles un peu trop libres, les filles délinquantes ou celles dont on pensait qu'elles pourraient le devenir, les filles coupables d'avoir des parents divorcés ou d'avoir eu une mère placée dans sa jeunesse. Au XIXe et jusqu'au milieu du XXe siècle, l'État ne sait que faire d'elles, alors il a décidé de les placer auprès de la congrégation du Bon Pasteur (entre autres). « Un ordre religieux qui a souvent eu mauvaise réputation », pointe Françoise Tétard, historienne spécialiste de la jeunesse au CNRS.
« Inventer une pédagogie »
Jeudi soir, la chercheuse était à la médiathèque de Bourges, afin de présenter un livre qu'elle a écrit avec l'éducatrice Claire Dumas, qui a travaillé pendant près de quarante ans au Bon Pasteur de Bourges. Je suis arrivée, raconte Claire Dumas, en 1968. Les religieuses venaient de partir. J'ai fait partie de la première équipe, qui a essayé d'inventer une pédagogie destinée aux jeunes en difficulté.
Dans le livre, les deux amies racontent comment l'institution du Bon Pasteur a vécu le passage du religieux au laïc. Bourges, poursuit Claire Dumas, les choses s'étaient améliorées quelques années avant 68. Avant, l'établissement avait connu une période noire. Un juge des enfants avait longtemps demandé des aménagements qui ont tardé à venir. Ce n'est qu'avec l'arrivée de mère Saint-Jean de la Croix que l'établissement s'est humanisé.
Dans le public, beaucoup de femmes placées à l'adolescence, dans les années 60, au Bon Pasteur, dont cette dame aux cheveux noirs, placée à 15 ans, parce que ses parents avaient divorcé.