Date d'ajout : dimanche 20 septembre 2015
par Fr�d�ric LASSEZ
REVUE : FRANCE CATHOLIQUE, juillet 1999
Les évêques français, sous le régime de Vichy, se sont-ils "empêtrés dans un loyalisme et une docilité allant bien au-delà de l'obéissance traditionnelle au pouvoir établi", pour reprendre une formule de la déclaration de repentance des évêques de France en 1997 ? Cet ouvrage écrit par un universitaire veut apporter une réponse en échappant à tout esprit polémique. Jean-Louis Clément a réalisé une analyse détaillée des relations entre la hiérarchie catholique et l'Etat de 1940 à 1944 par une étude croisée des papiers du cabinet civil du maréchal Pétain et des archives subsistantes de l'Assemblée des cardinaux et archevêques. L'auteur récuse la thèse, soutenue par l'historiographie française depuis quelques années, selon laquelle l'épiscopat est allé bien au-delà du loyalisme traditionnel en adhérant à la philosophie maurrassienne de l'Etat français. En réalité, le pétainisme fut une réalité multiforme et contradictoire, c'est pourquoi la reconnaissance de la légitimité de l'Etat français s'est exprimée de façons différentes pendant les quatre années d'existence du régime. Les évêques s'efforcèrent de contenir le danger totalitaire et l'infiltration de l'idéologie nazie par la mise en œuvre d'une action de formation civique dans le cadre du nouveau régime. Cette attitude de "loyalisme sans inféodation" ne peut se comprendre qu'à la lumière de la théologie politique adoptée par l'épiscopat qui distinguait action civique et action politique. Orientation qui ne pouvait que s'opposer à celle qui conduisait la mouvance démocrate-chrétienne dans la résistance puisque celle-ci désirait un engagement plus politique que civique.