Date d'ajout : mardi 23 mai 2017
par M.-V. L.
REVUE THOMISTE 2, 1977
Le volume que le Père D. Mollat vient de publier sous le titre : Saint Jean maître spirituel, reprend en le développant l'article : « Jean l'évangéliste » paru dans le Dictionnaire de spiritualité (t. VIII, col. 192-247)8. Il comprend trois parties:
I. « L'initiative divine » (p. 19-59). La doctrine spirituelle qui se dégage de l'évangile repose sur « une expérience de salut » [1] : le cadre dualiste dans lequel Jean présente sa sotériologie, - non point cadre cosmique ni métaphysique, mais structure spirituelle qui traduit une réalité d'ordre moral, - « démontre à quelle profondeur le salut intervient : quelles luttes il doit affronter, quel abîme d'orgueil et de rébellion il lui faut surmonter » (p. 27). « La nature du salut » [2] sera donc libération du péché qui sépare l'homme de Dieu et le fait esclave et, en positif, avènement d'un monde établi dans la communion de Dieu : communion qui est vie éternelle, connaissance de Dieu vivant et vrai.
Pour établir les hommes dans la vie, Dieu s'est manifesté en « Jésus », le « Révélateur du Père » [3] dont il est le Fils unique ; et « l'envoi de l'Esprit » [4] mène à son terme la mission du Fils, à qui le Père a confié la tâche de faire connaître son Nom. Dans le Christ est offert aux hommes « le don de la filiation divine et de la liberté » [5], participation à la filiation de Jésus et don pascal. Ainsi la « révélation » se présente-t-elle comme un « geste d'amour » [6]. L'amour en est la source, l'objet et le terme. Le foyer en est la personne de Jésus. Et tout homme est concerné par ce projet divin, visé par cette révélation, appelé par le Sauveur.
II. La deuxième partie traite de « la réponse humaine » (p. 71-153). A son point de départ, deux attitudes fondamentales : « Reconnaître » et « accueillir » le don de Dieu, « se faire le disciple » en se liant de tout son être à la Personne du Maître [1]. D'où chez le disciple « l'éveil des sens spirituels » [2] qui font que le Christ devient l'objet de chacun des sens de l'âme ; la réponse du « croire » [3], du « connaître » [4] et de l'« aimer » [5], qui font qu'il « demeure » en Jésus et que Jésus « demeure » en lui [6]. Il est convié à « la prière » [7] et reçoit la « Mère de Jésus » [8] comme sa mère.
III. Une troisième partie expose « la doctrine des êpîtres johanniques » (p. 155- 173). Après quelques indications sur leur auteur et la crise spirituelle qui est à leur origine [1], D. M. présente la Prima Joannis comme un exercice de « discernement spirituel » [2] dont les critères particuliers d'ordre moral ou doctrinal se trouvent référés successivement à ces trois principes : Dieu est lumière (l, 5-11, 28) ; Dieu est juste (II, 29-IV, 6) ; Dieu est amour (Iv,7-v, 12) : « Une vie en communion avec Dieu se reconnaît à la lumière divine dont elle est pénétrée, au sceau de justice divine dont elle est marquée, enfin à l'amour divin qui en inspire et en informe les actes » (p. 164). Ainsi se trouvent dégagés les éléments d'« une synthèse doctrinale et spirituelle » [3]: « L'incompatibilité entre la condition chrétienne et le péché ; l'observation des commandements de l'amour fraternel ; et, source de tout, la foi au Christ, Fils de Dieu incarné » (p. 167).