Date d'ajout : mardi 16 mai 2017
par B. CLAROT
NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE, mars 1991
Un historien montois, spécialiste du jansénisme, découvre un compatriote devenu évêque et orateur éminent. Il en trace la biographie, recréant ainsi un demi-siècle d'histoire. Après des études sacerdotales à Louvain, où il rencontre Juste-Lipse, Bellarmin, Lessius et Baius, Cospeau recommence ses études à Paris, pour des raisons inconnues. Il s'y fait remarquer, devient répétiteur et, compte Richelieu parmi ses élèves. On apprécie son éloquence, basée sur l'Écriture et les Pères. L'évêque de Paris, la marquise de Rambouillet, madame Acarie, Bérulle, François de Sales, Vincent de Paul, lui accordent leur sympathie. Ces relations l'introduisent chez Henri IV. Pour avoir droit à des charges ecclésiastiques, il se fait naturaliser. En 1606, le duc d'Épernon lui obtient l'évêché d'Aire en Gascogne. Il y applique les décrets du Concile de Trente. Ensuite, pendant deux ans, il administre l'archevêché de Toulouse. En 1617, l'assemblée du clergé le charge de présenter au roi ses remontrances. Nommé à Nantes en 1621, il vient souvent à Paris et prend rang parmi les confesseurs des souverains. En 1635, Richelieu l'envoie à Lisieux, où il soutient l'apostolat du P. Maunoir, S.J. et celui de Jean Eudes ; il est aussi supérieur des Filles du Calvaire, fondées par le fameux Père Joseph. Plusieurs fois, il intercède pour des adversaires du ministre, dont la faveur à son égard se refroidit. En 1643, Mazarin, dont il gênait la politique de nominations ecclésiastiques, le renvoie à Lisieux, où il s'éteint en 1646.
Sa célébrité, il la doit non seulement à son éloquence, mais à la fermeté de sa doctrine à sa bonté, à sa large culture et à son franc-parler. Son opposition aux doctrines gallicanes lui attire cependant maintes critiques ; envers les jansénistes, il se montre plutôt sympathique et admirateur de leurs vertus, avant que n'éclate le débat doctrinal. Une intéressante biographie, qui ressuscite une époque agitée et des épisodes moins connus.