Date d'ajout : mercredi 19 août 2015
par Louis DEBARGE
REVUE : MSR, octobre-décembre 1998
Cet ouvrage étudie les relations qui se nouent entre fidèles d'une même confession religieuse de part et d'autre d'une frontière. On a beaucoup étudié dans une perspective œcuménique les relations des fidèles de confessions différentes au sein d'une même communauté (nationale ou culturelle), mais on s'est moins intéressé aux effets d'une simple frontière sur le degré d'identification à ses co-réligionnaires étrangers. Quel regard le chrétien de l'étranger porte-t-il sur son homologue de France ? Comment le chrétien de chez nous reçoit-il l'image que ses co-réligionnaires étrangers se font de lui ? Telle est la problématique de cette recherche publiée avec le concours de l'Association française d'histoire religieuse contemporaine. Se trouvent systématiquement confrontés les regards que se portent mutuellement les milieux romains et les catholiques français, leurs incompréhensions et leurs suspicions vers les années 1950 (Jean-Dominique Durand), les jugements réciproques des catholiques de Suisse et des catholiques de France (Francis Python), des luthériens français et des luthériens suédois (Christian Chanel), des catholiques français et de leurs co-réligionnaires espagnols (José Manuel Cuinca Toribio), des catholiques de France et de leurs homologues d'outre-Rhin (Catherine Maurer)… De ces analyses comparatives il ressort qu'une multiplicité de facteurs intervient dans la représentation que l'on se fait de l'autre. Le sentiment d'appartenance à une nation interfère avec celui de son identification religieuse.
La multiplication des voyages internationaux, la circulation des informations par voie de presse ou par la télévision élargissent la perception d'appartenance à un même ensemble confessionnel, mais les croyants n'échappent pas à la pesanteur de leur identité nationale et pour eux les frontières jouent comme un facteur de sensibilisation à la différence, modifiant la construction de leur propre identité.
A une époque où se mettent en place de grands ensembles internationaux comme l'Europe, il n'est pas inutile de scruter les phénomènes qui se produisent dans la zone de contact ou, comme nous disons aujourd'hui, à l'interface des appartenances (nationale et religieuse). Là se situe l'intérêt d'une telle recherche.