Date d'ajout : jeudi 05 février 2009
par LA RECHERCHE AVRIL 2007
Les éditions Beauchesne étendent leur présence dans l’épistémologie des sciences. Avant la parution, annoncée l'an prochain, du « manuscrit mythique » du mathématicien Jean-Pierre Aubin sur la contingence, la viabilité et l'inertie des systèmes, voici l'essai sur la connaissance d'un philosophe et universitaire (et prêtre catholique).
Avec l’Ontologie de la différence, Jean Milet tente de situer 1'« être » de la connaissance pure afin d'en isoler la spécificité radiCale par rapport à tous les autres êtres. Il incombe alors pour le philosophe d'interroger le point de départ de toute opération de connaissance: il « pourrait être, non pas une réflexion sur la forme de pensée adoptée ou ses capacités critiques, mais l'adoption d'une attitude concernant la "manière" de penser ». C'est que l'auteur se propose d’appeler le « choix épistémologique » qui commanderait alors tout le développement ultérieur de la pensée, « c’est-à-dire la métaphysique proposée, et de là toute une philosophie », Le propos n'est pas neuf puisqu’une bonne partie de la philosophie critique contemporaine se situe dans cette perspective. En revanche, le traitement de la thèse mobilise une très importante culture philosophique qui fait la valeur du livre. Cette « exploration du champ épistémologique » privilégie « une ambition de recherche plutôt qu’un contenu objectif à la connaissance », proposition qui justifie aussi bien la prise en compte des phénomènes de télépathie que les conséquences des découvertes en biologie moléculaire. Finalement, la pensée philosophique elle-même ne serait que « recherche », et une recherche « dont on peut dire qu'elle n'a pas de terme assignable », conclut l'auteur au terme d'un livre dense mais accessible.