Date d'ajout : mercredi 19 août 2015
par B.C.L.F., mars 1999
La gloire de Dieu est une donnée théologique primordiale au Siècle d'or espagnol, qui éclaire d'un jour nouveau toute la construction sanjuaniste, puisqu'elle « exprime aussi la finalité de toute vie mystique, par-delà le problème du mal et les purifications toujours nécessaires de l'existence humaine ». « L'expérience de Dieu transfigure la création tout entière » Jean de la Croix est-il d'abord poète ou théologien ? Les concordances que certains ont voulu trouver entre des textes thomistes et des textes sanjuanistes paraissent improbants. Jean de la Croix est d'abord un poète qui utilise des expressions théologiques pour orner sa poésie. Le terme de théologie mystique semble ici très juste. Pierre Gouraud fait donc une étude originale par son thème et profonde dans son exposition, malgré l'étroitesse de la vision. Selon le maître, les quatre éléments de l'univers, terre, air, eau, feu, d'une réelle valeur symbolique, expriment l'union de l'âme avec Dieu, qu'il appelle le mariage mystique. La gloire de l'homme est de posséder Dieu et d'en jouir. Jean de la Croix enseigne-t-il de fuir le monde ? P. Gouraud soutient le contraire : la prise en compte de l'univers créé par Dieu est fondamentale. Loin de la fuir, l'homme en est cocréateur, par un dialogue vivant et aimant avec Dieu. L'homme purifié partage la gloire de Dieu dans l'amour de la création, l'Incarnation du Christ en étant le couronnement. En partant de cette poésie, le saint arrive à des conclusions théologiques, destinées à qui veut tenter la même aventure de l'union d'amour avec Dieu. La gloire de Dieu glorifie le chercheur de Dieu et l'univers reflète la beauté de Dieu. Jean de la Croix affirme la déification de l'âme, mais cette glorification, du fait de la limite de la créature, n'est que prémices de la gloire éternelle. P. Gouraud aborde le saint docteur à partir des textes, en se gardant de considérations extrinsèques. C'est de la meilleure critique. Le docteur trouve appui dans l'Écriture pour ses commentaires et aboutit à elle. Il emploie des mots courants pour parler des choses invisibles. C'est qu'il est le prince des poètes. « D'un nouveau regard, il fait chanter, jouer et vibrer la nature de gloire. » Avec une nouvelle vision, il voit la nature par Dieu qui est toutes choses. Mais, point ici de panthéisme: « En Dieu, l'âme découvre et voit toutes choses. » Cette excellente étude de P. Gouraud nous donne l'attrait et le plaisir de lire et relire Jean de la Croix.