Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par Fr. FROST
ENSEMBLE, septembre 1981
Le 23 juin 1523, Zwingle prononça à la cathédrale de Zurich un sermon dans lequel il prit position contre les anabaptistes dont la conception de la Réforme menaçait la cité d'anarchie. L'accueil fait à cette prédication le décida à la publier. Elle parut le 30 juillet suivant, sensiblement développée, sous forme de traité théologique intitulé : Von Göttlicher und Menschlicher Gerechtigkeit. Ce traité se compose d'une courte introduction en forme d'épître dédicatoire, puis de deux parties dont la première situe, l'un par rapport à l'autre, les deux concepts de justice divine et humaine et la deuxième aborde le comportement concret du chrétien à leur endroit.
La traduction française par J. Courvoisier est accompagnée de notes précises et éclairantes pour la compréhension du langage de Zwingle ; elle est précédée d'une introduction qui présente, de façon concise, les principales phases de la vie de Zwingle, la naissance et la diffusion de la Réforme en Suisse jusqu'à la mort de celui-ci sur le champ de bataille de Cappel en 1531, les grandes lignes de sa pensée et le contenu du présent traité.
La distinction qu'y opère Zwingle entre un idéal de vie intérieure selon les béatitudes, auquel l'homme peut aspirer par la foi justifiante sans véritablement pouvoir y atteindre par une transformation réelle de cette intériorité, et un comportement extérieur soumis au pouvoir civil ordonnant la vie de la cité, non pas selon l'évangile, mais selon les dix commandements de la loi, rappelle inéluctablement la même opposition faite par Luther entre l'homme intérieur et l'homme extérieur dans son traité : De La Liberté du Chrétien.
Mais, à la différence de Luther, la pensée de Zwingle est située dans un contexte socio-politique : « Là où Luther dit : 'Comment mon âme sera-t-elle sauvée' ?, Zwingle dit : 'Comment mon peuple sera-t-il sauvé' ? » (Introduction, p. 14). Ainsi ce court traité du réformateur suisse contient-il, en les devançant, bien des idées attribuées habituellement à Calvin (Ibid., p. 20).