Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par Andr� GOUNELLE
ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES, 1981,4
Le 24 juin 1523, à la cathédrale de Zurich, Zwingli prononce une prédication sur la justice divine et la justice humaine qui répondait aux problèmes et préoccupations du moment. En effet, en même temps que l'Église traditionnelle, la Réforme zurichoise ébranlait la société et l'État. Plusieurs indices le montraient : les manifestations des paysans réclamant l'abolition des dîmes et la suppression des prêts avec intérêt ; les thèses anabaptistes, mettant radicalement en cause l'ordre politique. Devant cette situation, Zwingli fait une mise au point à la fois ferme et nuancée. A la demande de plusieurs de ses auditeurs, il reprend et développe ce sermon pour en faire ce court mais important traité.
Selon Zwingli, l'homme ne peut pas accomplir ce que demande la justice divine, car il est pécheur. Il n'a pas la force de vivre en conformité avec la volonté de Dieu. Cette volonté doit cependant lui être prêchée, car ainsi il comprendra sa faute, et il recevra l'Évangile, le pardon gratuit qui lui est donné en Jésus-Christ. La justice humaine ne concerne pas la sainteté personnelle, mais elle a pour but de rendre possible la vie terrestre, malgré la méchanceté des hommes. Pour cela, une organisation sociale, avec un appareil répressif, est nécessaire. Le chrétien doit l'accepter et même y contribuer, sauf si l'autorité interdit ou empêche la prédication de l'Évangile. Cette organisation est forcément imparfaite; elle doit cependant être le plus juste possible, et, dans cette perspective, Zwingli dénonce les taux d'intérêt usuraires, et propose, avec certains aménagements, la suppression de la dîme ecclésiastique. Il exhorte donc à accepter et à améliorer l'organisation politico-sociale, sans, pour cela, confondre la justice humaine et la justice divine.
Ce traité est traduit et présenté par le professeur Courvoisier qui est l'un des rares francophones à bien connaître Zwingli. Nous lui exprimons notre reconnaissance d'avoir rendu ce texte accessible dans notre langue.