Date d'ajout : mardi 18 juillet 2017
par P. NAUTIN
REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS, janvier 1975
Jean Chrysostome a fait plus que d'autres l'expérience personnelle de la souffrance. D'une santé fragile, il connut aussi comme évêque de Constantinople l'hostilité de la cour et de ses collègues ; déposé dans un concile en 403, il mourut en exil dans le Caucase après des souffrances physiques et morales dont ses lettres nous gardent la confidence. II était donc intéressant de recueillir ses idées sur le problème du mal. E. Nowak répartit les thèmes entre deux grands chapitres : 1° L'origine des maux (ils ne viennent ni d'un principe éternel du mal, ni de Dieu, ni du démon, ni de la fatalité, mais du péché) ; 2° L'utilité de la souffrance pour les méchants et pour les justes eux-mêmes. Entre ces deux chapitres s'en insère un autre sur les souffrances du Christ. L'auteur souligne justement l'influence du stoïcisme sur la pensée de Chrysostome : « Sur la souffrance éducatrice, Jean Chr. nous semble plus voisin de la conception grecque que de celle de lu Bible » (p. 216). La seule note chrétienne, c'est que, parlant comme les stoïciens de l'honneur qui récompense la souffrance des justes, il se le représente dans le contexte d'une résurrection. Le thème paulinien des souffrances des chrétiens « complétant » celles du Christ est à peu près absent de son œuvre. L'auteur s'attache aussi aux mots (index à la fin du volume) ; je signale particulièrement l'analyse des notions d' (p. 97-100) et de (p. 206-2(9) chez Chrysostome. Malgré quelques répétitions, cette étude où la sympathie pour Chrysostome n'altère jamais un regard pénétrant et critique, se lit avec beaucoup d'intérêt.