Date d'ajout : dimanche 03 janvier 2016
par Sr MARGUERITE-MARIE MAGERAND
REVUE : LE LIEU DES MONIALES, 151
Le titre de ce premier volume de la collection « Spiritualité cartusienn », que dirige Nathalie Nabert, exprime parfaitement, à lui seul, le propos de l'auteur. Enseignant la littérature médiévale à l'Institut Catholique de Paris, et ayant fondé le C.R.E.S.C. (Centre de Recherche et d'Études de Spiritualité Cartusienne), c'est de première main que l'auteur fait pénétrer dans les arcanes des grands auteurs chartreux en apportant à chaque page de très nombreuses citations qui, sous ses commentaires très fouillés, expriment et révèlent leurs richesses cachées.
Cette plongée au plus creux de ce qui fait l'essentiel de la vie du solitaire est présentée sous un triple chef : les larmes, la nourriture, le silence; larmes de purification, de conversion, d'amour « qui rappellent que la vie d'oraison progresse par détachement de soi, et enfouissement en Dieu ». Entre le baptême des larmes qui nettoie et assouplit, et le silence qui prépare à l'oubli de soi et à la contemplation, il y a place pour la « nourriture », assimilation de la Parole de Dieu.
« En son centre eucharistiqu » la vie du Christ répare l'homme, tandis que la lecture, la méditation, l'oraison le façonnent et l'ajustent à une vie toujours plus cachée en Dieu.
Ainsi conduits, les fils de Bruno pourront tenter une expérience de vie d'union à Dieu dans le silence et la clôture, le « désert étant dans le cœur du solitaire une terre de fécondité ».
En épilogue, une évocation de « Marie l’écoutante ». De courtes notices en fin de volume permettent de situer dans le temps et l'espace tous ces grands chercheurs de Dieu qui, depuis saint Bruno, demeurent fidèles à leur charisme originel.
Excellent livre de lectio divina… et d'introduction à la prière, qui se clôt sur quelques paroles de Dom Guillerand († en 1945) : « Le cartusianisme repose sur un fond de silence… C'est en ce fond que naît pour chacun de nous Celui qui est la Parole éternelle. Toute notre vocation est là : écouter Celui qui engendre cette Parole et en vivre ».