Date d'ajout : mardi 05 septembre 2017
par Daniel TOLLET
REVUE DES ÉTUDES JUIVES, octobre 1987
Au moment où le Moyen Age débutait, le texte de la Bible était fixé et connaissait déjà une longue histoire. L'objet de l'ouvrage dirigé par P. RICHÉ et G. LOBRICHON a donc été d'examiner comment, à cette époque, on a compris la Bible, quelle a été son influence sur la mentalité, l'enseignement et les institutions médiévales. Pour ce faire, les maîtres d'œuvre, aidés par plus de vingt spécialistes français et étrangers, ont rassemblé des contributions autour des thèmes suivants : le Livre lui-même, son étude, la manière de laquelle la Bible était vécue et les nouveaux problèmes de la chrétienté à la fin du Moyen Age.
Mon ambition en écrivant ce commentaire n'est pas de parler de tout l'ouvrage car d'autres que moi, beaucoup plus compétents, l'ont déjà fait [Voir P. CHAUNU :"Au cœur religieux de l'Histoire", Paris, 1986, pp. 76 à 78.]. Je me limiterai à suivre la présentation des relations entre les juifs et les chrétiens et les problèmes de l'exégèse juive de la Bible.
Du point de vue qui nous occupe, le Moyen Age a été une longue période lors de laquelle on est passé de l'âge de la loi biblique à celui de la bonne nouvelle, autrement dit, de la primauté de l'Ancien Testament à celle du Nouveau. Ces changements dans les attitudes chrétiennes ont eu pour conséquence de transformer la position des juifs dans la société, qui d'interlocuteurs proches et privilégiés ont été ravalés au rang de "déicides". C'est au Xe siècle que les chrétiens ont éprouvé le sentiment d'être domin%