Date d'ajout : samedi 17 octobre 2015
par BULLETIN DE TH�OLOGIE 2002
La brève monographie de G.-H. BAUDRY, La voie et la vie, est consacrée au développement de la métaphore des deux voies dans l'antiquité depuis ses origines jusqu'à son utilisation dans la catéchèse des Pères de l'Église. L'auteur consacre une série de petits chapitres, bien informés et riches en citations de textes, aux attestations du thème en Égypte, dans le message de Zarathoustra, chez les grecs et les latins. Il aborde ensuite la voie du bien et du mal dans l'AT, les écrits intertestamentaires, Philon d'Alexandrie, et enfin le NT. De la littérature patristique sont retenus les recueils canonico-liturgiques et catéchétiques comme la Didachè et la Doctrina apostolorum, la Lettre de Barnabé, les Canons ecclésiastiques, les Constitutions apostoliques, les Homélies pseudo-clémentines, la IIe Lettre de Clément, Justin, Irénée, Clément d'Alexandrie, Hermas et Lactance.
Une catégorie clé traverse tout le livre, celle de dualisme. La métaphore des deux voies présente à l'évidence un dualisme moral. La question est de savoir si certains des textes non chrétiens supposent aussi un dualisme ontologique du bien et du mal. Des formules très concrètes y parlent en effet d'un principe du mal, comme s'il existait deux esprits qui jouiraient d'une sorte d'égalité dans l'ordre de la nature ou de la création. Mais n'est-ce pas une manière objectivante d'exprimer la liberté de l'homme, placée devant la nécessité du choix ? Le dualisme de Zarathoustra est relatif et non absolu (p. 19). De même, à Oumrân Dieu a disposé pour l'homme deux esprits, tout en écartant soigneusement le dualisme ontologique (p. 61). La voie du mal est possible du fait de l'existence d'un être libre. Elle dispose donc d'un mystérieux être-là préalable, que plusieurs théories objectivent sous la forme d'entités. G.-H. B., sensible à ce problème, aurait pu en traiter plus directement. Sans trop se prononcer sur les influences, il expose bien les particularités des divers textes. Très compétent dans l'ordre positif, il demeure malheureusement muet sur l'utilisation et le rôle du thème dans la catéchèse morale chrétienne et ne remplit pas tout le programme annoncé par son sous-titre.